Après le pastel et la garance, parlons de la 3eme plante du trio des colorants solides, connus et utilisés depuis des millénaires, et mentionnés par Colbert comme colorants « grand teint » dans son décret pour les manufactures royales, cette fois-ci pour teindre en jaune, il s’agit de la gaude ou Reseda luteola.
Avec ces trois couleurs de base, les teinturiers pouvaient créer les couleurs intermédiaires, en pratiquant des bains de teintures successifs.
La gaude est une plante que l’on peut qualifier de bisannuelle, bien que son cycle dure moins d’un an. Il est très facile de la cultiver au jardin : on la sèmera au début de l’automne, et elle passera l’hiver sous forme d’une rosette de feuille.
Au printemps, le bourgeon terminal se développe pour former une hampe florale feuillée et se terminant par une grappe allongée de petites fleurs peu attrayantes. Ces fleurs attirent pourtant beaucoup d’insectes et la plante a fière allure : très grande et élancée, elle est parfois ramifiée si elle pousse sur une terre riche, et forme comme un candélabre.
Fin mai ou début juin, les fruits apparaissent, d’abord à la base de l’inflorescence. Puis, les feuilles de la base commencent à jaunir, c’est alors le moment de la cueillir, et la faire sécher pour les teintures ultérieures, on peut également l’utiliser fraiche. On garde quelques fruits pour avoir des graines que l’on pourra resemer (les graines sont très petites et nombreuses).
La molécule colorante principale est la luteoline, du groupe des flavonols, qui donnera un jaune très vif, suite à un mordançage à l’alun du tissu à teindre. On peut obtenir un vert bronze avec un post bain au fer.